Le collectif, encore le collectif, toujours le collectif. Ainsi pourrions-nous résumer les propos de Baboye Sylla. Avec la création de son association USCD7 destinée à rassembler les jeunes de quartiers ou celle du collectif Inspi voué à promouvoir leurs talents, il joue toujours en équipe.

Parle-nous de toi, de ton enfance.

 Baboye Sylla : J’ai grandi dans plusieurs quartiers de Garges, Dame Blanche Nord, Centre Ville, Doucettes où j’ai passé une grande partie de ma jeunesse. Après l’école primaire, ma mère ne souhaitait pas que j’intègre le collège Wallon, j’ai alors rejoint un établissement privé à Stains, j’ai fait 6e, 5e et je me suis fait renvoyer. Là, mes parents ont décidé de L’envie de nous raconter de partager notre vécu s’est vite imposée m’envoyer auprès de ma grand-mère en Gambie.

Quels souvenirs en gardes-tu ? 

B.S : Mon séjour en Afrique a été un déclic. Je devais partir pour un an et finalement, j’ai choisi d’y passer deux ans, je m’étais fait des amis et j’aimais bien le rythme scolaire. C’était très enrichissant et ça a probablement déterminé mes choix futurs. Je suis aujourd’hui titulaire d’un Master gestion des organisations et papa de deux enfants. Je travaille à l’ANRU, je m’occupe de tout ce qui est attribution des subventions pour les Projets investissement et avenir. 

Quels étaient tes centres d’intérêt ? 

B.S : Quand j’étais jeune, j’aimais bien le dessin, à travers les personnages de mangas. J’ai beaucoup joué au foot aussi, notamment au FCM Garges, ça m’a permis de rencontrer des jeunes d’autres quartiers et de ne pas rester enfermé dans le mien. 

Plus tard, avec quelques copains, tu as créé une association ! 

B.S : Nous avons créé notre association, Union Sportive et Culturelle les Doucettes (USCD7) fin 2019. À l'origine, c'était pour pouvoir nous regrouper et obtenir des créneaux horaires pour pratiquer le futsal dans le gymnase Robi Angeloni. Nous avons été beaucoup aidés par les services municipaux dans cette démarche. Nous retrouver autour du ballon rond a pas mal canalisé les énergies de certains. 

Comment avez-vous évolué ? 

B.S : Peu à peu, nous nous sommes rendu compte qu’il y avait autre chose à offrir que le futsal. On a commencé à proposer des sorties à thème, les jeunes étaient demandeurs, ils avaient juste besoin que quelqu’un organise. Et puis le Covid est passé par là et tout s’est arrêté. Cette période nous a permis de nous poser et de réfléchir au devenir de l’association. L’envie de nous raconter, de partager notre vécu s’est vite imposée, c’est là qu’est né Inspi, un collectif au sein de l’association USCD7.

Inspi ! Pour quoi faire ?

B.S : À la base il était juste question de réaliser un court-métrage pour raconter nos histoires. Nous avons mis en place des castings, déterminer des profils, bref nous avons commencé à faire du cinéma. Avec juste une caméra et beaucoup de motivation, nous avons produit notre premier film, la Ruche, dans lequel nous abordions le problème des rixes et tensions entre quartiers. 

Qu’est-ce-que cela vous a inspiré ? 

B.S : Après cette première expérience et au vu de l’engouement qu’elle avait suscité, nous avons décidé de structurer le projet, de créer des ateliers d’écriture de scenarii, de réalisation et de formation. Nous étions, à cette époque, en résidence au cinéma Jacques Brel et recevions des jeunes de tous horizons. 

Comment avez-vous prolongé cette expérience ? 

B.S : Lorsque le cinéma a cessé ses activités, c’est tout naturellement que nous avons rejoint le Cube Garges. Des salles ont été mises à notre disposition pour faire vivre nos ateliers, les relations privilégiées que nous entretenions dès le départ avec le personnel du Cube Garges nous ont permis de coorganiser des stages. Ils apportaient leur expertise et leur logistique, nous notre expérience et le public. 

Quelles sont vos autres activités ? 

B.S : Nous intervenons dans les prisons, dans les Protection Judiciaire de la Jeunesse (PPJ), dans les services jeunesse dans une démarche de sensibilisation. Nous organisons des cinés-débats, beaucoup de jeunes se reconnaissent dans nos productions et ça facilite d’autant les échanges.