Depuis 2017, le BCG est le meilleur club français chez les féminines. Quels sont les ressorts de cette réussite ?

Emmanuel Dos Santos : Lorsque j’ai intégré le club en 2009, il avait davantage vocation à lutter contre les problèmes du quartier Dame Blanche Nord, plutôt qu’à remporter des compétitions. Il faut d’ailleurs rendre hommage à mon prédécesseur, Hachemi Bendjana, pour son travail. Devenu entraîneur principal en 2011, j’ai bâti une structure capable de faire gagner des boxeurs gargeois, en produisant un effort spécifique sur les jeunes filles. Elles sont souvent plus déterminées que leurs homologues masculins. Cela a commencé à payer en 2015 avec plusieurs titres. En 2020, Garges a organisé les finales des championnats de France et nous en avons gagné quatre. 

Pourtant, l’objectif du club n’était pas tourné vers le haut niveau…

E.D.S : C’est vrai. Mais, dans tout ce que j’entreprends, je suis un peu « mégalo ». Je me fixe peu de limites. Mon ambition était que nous devenions le meilleur club de France. Je suis né à Gonesse et j’ai grandi à Garges. D’abord au Vieux-Pays puis à Dame Blanche Nord où mes parents ont déménagé quand j’avais 15 ans. C’est à ce moment-là que j’ai découvert le BCG, au 2 rue Van Gogh. J’ai commencé à pratiquer après avoir vu le film Kickboxer. J’ai ensuite suivi les cours d’une école de commerce puis un master de f inances à Londres, où j’ai vécu trois ans.

Quelle formation avez-vous suivie pour devenir entraîneur ?

E.D.S : Elle s’est déroulée au Centre de Ressources d’Expertise et de Performance Sportive (CREPS), en Corrèze. J’ai développé une méthode basée sur les disciplines que j’ai pratiquées à Garges : le tennis de table, le judo, le basket ou le football. Je m’inspire pas mal de l’athlétisme avec beaucoup de foncier et peu de séances sur les sacs de frappe. Notre secret, c’est le travail. On s’entraîne toute la semaine pour les combats du week-end. Je ne prends pas de vacances et je fais le tour de France pour enchaîner les compétitions. En avril dernier, nous sommes partis en Thaïlande pour un stage. Ces déplacements me permettent aussi de devenir un meilleur entraîneur.

On imagine vos journées chargées !

E.D.S : Oui, d’autant plus que je suis bénévole. Je dirige l’École de l’Inclusion par le sport de la Muette. J’ai débuté dans le « social » comme éducateur spécialisé dans les foyers, en SeineSaint-Denis, où j’ai exercé entre 2009 et 2018. Le soir, j’entraîne de 18 à 22 heures, bien aidé par mes assistants Mohammed, Tania et Tyssia. Les Jeux olympiques approchent.

Sont-ils un objectif ?

E.D.S : Clairement ! Il y a Gloria d’Almeida, qui est en équipe de France. Bakari Diallo représentera le Mali. Davina Michel participera aux Jeux européens du 21 juin au 2 juillet en Pologne. Si elle arrive en finale, elle sera dans la délégation tricolore aux Jeux. Fin août, je me rendrai au Sénégal pour le tournoi de qualification olympique de nos Ivoiriennes Mariam Sidibé et Jeyssa Marcel. Jeyssa s’y préparera en disputant le championnat du monde qui l’opposera à la Bolivienne Carla Gonzalez, le 28 juin sur le parvis de l’Hôtel de Ville. La réunion sera gratuite. Les habitants pourront venir l’encourager. Un Gargeois aux JO, ce serait fantastique !