Le 4 septembre prochain, jour de la rentrée scolaire, vous ne serez pas devant la grille du 11 rue Claude Monet. Aurez-vous un pincement au cœur ?

Sylvie Dam-Van : Oui, bien sûr… Mais c’est mon choix de partir et je l’assume. J’ai passé dixhuit magnifiques années au sein de l’Éducation nationale, dont quatre au collège Paul Éluard. Aujourd’hui, j’ai 62 ans et suis très heureuse de démarrer ce que j’ai coutume d’appeler « ma troisième vie », à savoir ma retraite. à Garges. Cela a fonctionné et je suis devenue CPE dans mon ancien collège.

Racontez-nous votre arrivée au collège Paul Éluard…

S.D-V : En 2012, j’ai réussi le concours de principale de collège. Je suis devenue adjointe à Montmagny puis principale à Marly-la-Ville. Il y a quatre ans, j’ai été affectée à Paul Éluard. Je termine donc ma carrière là où ma vie a démarré, à la tête d’un établissement qui compte 600 élèves, 24 classes et 50 professeurs. La boucle est bouclée, en quelque sorte.

Pourquoi dites-vous qu’il s’agit de la troisième ?

S.D-V : Parce que mon parcours professionnel se divise en deux périodes. Après avoir obtenu mon baccalauréat au lycée de Gonesse, j’ai suivi des cours de mandarin et de vietnamien à l’Institut National des Langues et Civilisations Orientales (Inalco) de Paris-Dauphine. J’ai ensuite travaillé dans le secteur du commerce international pendant 19 ans, au sein d’Interagra, une multinationale spécialisée dans les matières premières. À l’époque, j’habitais Villiers-le-Bel et je voyageais beaucoup en Asie du Sud-Est.

Comment vous êtes-vous réorientée dans l’Éducation nationale ?

S.D-V : Au début des années 2000, j’ai ressenti le besoin de m’investir dans la vie sociale de Garges, car j’aime profondément cette ville. J’y suis très attachée sentimentalement. Mes parents y ont habité toute leur vie et j’y ai vécu jusqu’à mes 20 ans. J’ai passé ma jeunesse dans le quartier Carnot, lorsque la commune était encore un village. J’étais scolarisée à l’école Jean Jaurès puis au collège Pablo Picasso. Avec mes amis, nous nous amusions dans les champs de la Muette ou pique-niquions au Fort de Stains. La municipalité proposait de nombreuses activités, dont le basket que je pratiquais au stade Jean Jaurès. J’ai tenté le concours de conseiller principal d’éducation (CPE) en 2005, en espérant être nommée

Quel regard portez-vous sur les élèves ? Celui-ci a-t-il évolué ?

S.D-V : Fondamentalement, les enfants ne changent pas, ils restent très attachants. L’évolution la plus marquante s’est produite avec les réseaux sociaux et l’utilisation du smartphone qui, je le rappelle, est interdite dans l’enceinte de l’établissement. Quand on aime les élèves, notre mission est d’être présents à leurs côtés. C’est un plaisir, même si c’est parfois fatiguant (sourire). Mon plus grand bonheur est de croiser d’anciens élèves qui se sont épanouis professionnellement. J’en connais un qui est devenu chirurgien, d’autres exercent des responsabilités à l’Hôtel de Ville. J’ai également beaucoup apprécié les échanges, au quotidien, avec les parents. Ils méritent d’être connus. Enfin, je suis très fière de notre taux de réussite, qui a atteint 77,7 % au brevet en 2022.

Et maintenant ?

S.D-V : Je quitterai officiellement mes fonctions de principale le 1er septembre. J’ai l’intention de me consacrer au bénévolat, en travaillant dans une association d’alphabétisation. Je compte aussi voyager, notamment au Vietnam, afin de parler la langue de ce pays. Ma pratique est un peu rouillée mais je me débrouille encore pas mal (sourire).